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De la campagne à la ville (XVIIe-XIXe)

Document 1
Détail d’un plan de Paris par Jouvin de Rochefort, gravé par François de La Pointe en 1673  © BNF/ Gallica
A la périphérie de Paris, l’actuel îlot Saint-Eloi se trouve en pleine campagne jusqu’au milieu du XIXe siècle. La Bastille (1) marque le début du faubourg Saint-Antoine. Les rues de Charenton et de Reuilly, qui mènent aux villages du même nom, sont très anciennes. 

L’îlot constitue alors une partie des terres du village de Reuilly (2) qui s’est constitué autour d’un ancien palais mérovingien : Dagobert y aurait répudié sa femme Gomatrude en 629. De l’actuelle place Bourgoin à la rue Montgallet, la rue de Charenton s’appelle jusqu’au XIXe siècle la rue de la Planchette. La rue Montgallet est également visible sur le plan de Jouvin de Rochefort, ainsi que la rue Erard qui portait le nom de petite rue Reuilly ou rue du Bas Reuilly.
Document 2
Détail du « nouveau plan de Paris et de ses faubourgs » par l’abbé Delagrive en 1728. © BNF/ Gallica

L’îlot se situe aux marges du faubourg Saint-Antoine qui doit son nom à l’abbaye de femmes Saint-Antoine-des-Champs (3) fondée au début du XIIIe siècle. Il est tout proche de la folie Rambouillet (4), pavillon de plaisance construit par un conseiller du roi en 1635, dont les jardins magnifiques qui s’étendent jusqu’à la Seine sont un lieu de promenade mondaine au XVIIe siècle. La manufacture des Glaces de miroir créée sous Louis XIV est en fonctionnement jusqu’en 1830 (5). Au début du XVIIIe siècle, les Dames de la Trinité ou Mathurines (6) installent dans l’îlot un couvent de religieuses non cloîtrées destiné à l’instruction des jeunes filles pauvres. L’établissement est désaffecté en 1790 et l’îlot se lotit progressivement de petits immeubles, ateliers et entrepôts.

Document 3
Détail du plan d'ensemble des travaux de Paris à l'échelle de 0,001 pour 10 mètres (1/10 000) indiquant les voies exécutées et projetées de 1851 à 1868, par Eugène Andriveau-Goujon en 1868. © BNF/ Gallica
Le quartier se transforme et se développe dans la seconde moitié du XIXe siècle avec l’arrivée du chemin de fer et la politique de grands travaux du Second Empire. La manufacture des Glaces, rachetée par l’armée, est rasée et remplacée par une caserne (5). La gare de Lyon est inaugurée en 1849  (7) tandis que la ligne Bastille-Vincennes entre en activité en 1859.
De grandes percées haussmanniennes modifient également la physionomie du quartier. Le boulevard Diderot, d’abord boulevard Mazas ouvert en 1815 pour relier la place Mazas à la place du Trône (actuelle place de la Nation), est élargi en 1850 ; une prison est construite face à la gare de Lyon puis démolie en 1898 (8). Plus près de l’îlot Saint-Eloi, les rues de Chaligny (9) et Crozatier (10) sont également percées sous le baron Haussmann.
Document 4
L’îlot Saint-Eloi, planche de cadastre, fin XIXe siècle. © Archives de Paris
Le visage du quartier change peu entre la fin du XIXe et les années 1950. L’îlot mêle entrepôts, ateliers, usines et immeubles peu élevés. Il est sillonné de passages, impasses et cours disparues aujourd’hui (rue Lepeu, impasse du Lion d’or, la “cour des miracles”(11)…).
Le quadrilatère délimité par les rues de Reuilly, Erard, de Charenton et Montgallet est principalement lié au travail du bois, dans le sillage du faubourg Saint-Antoine. C’est alors un quartier populaire, habité par des artisans, des ouvriers et des petits employés.
L’église Saint-Eloi (12) est la première église du quartier : construite en 1856, elle est détruite par la foudre en 1876. Une église provisoire lui succède jusqu’en 1967 sur un terrain aujourd’hui occupé par la poste de Reuilly.
© Pierre-Emmanuel Charon

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